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Cher père Noël, faites que mon bas déborde de produits locaux

3 min de lecture

Les mois de novembre et décembre sont l’apogée de la consommation. On reçoit, on veut faire plaisir, et on dépense beaucoup. Pour le reste il y a MasterCard? Je veux bien, mais disons que la mienne s’use vite pendant ce temps-là.

Les fêtes de fin d’année sont aussi la période ou la consommation est la plus forte en épicerie.

J’ai écrit ma lettre au père Noël cette année, comme à chaque année, et mon souhait est on ne peut plus clair. « Cher père Noël, puisque j’ai été sage (…) J’aimerais tellement que mon bas soit rempli de produits du Québec ».

En prime, la tâche sera de plus en plus simple pour le père Noël. Les études le démontrent, au Québec, l’offre de produits locaux augmente, parce que la demande s’accélère. Dans le fond, les épiciers s’adaptent à la demande de leur clientèle. Plus les produits locaux vont être demandé, plus il y en aura sur les tablettes. Ce n’est pas sorcier.

Le problème dans le fond, c’est que les grands groupes de l’agroalimentaire ont des volumes tellement énormes que les coûts de production sont réduits au maximum. Tsé, les fameuses économies d’échelle…

Imagine-toi si les tartinades aux noisettes ALLO Simone avaient les mêmes volumes que Nutella, c’est certain que le prix de détail serait moindre.

C’est le chat qui se mord la queue. Pour augmenter les volumes, il faut que le consommateur accepte de débourser un peu plus cher pour une entreprise en démarrage.

Vous allez me dire que je prêche pour ma paroisse : OUI, mais je prêche surtout pour le Québec en entier.

Consommer local, c’est aussi un geste politique.

Dans mon domaine d’activité, les choix individuels ont beaucoup d’impact. Dans les allongeurs (mixeurs, produit qu’on mélange avec de l’alcool), le marché est dominé par deux multinationales : Schweppes (distribué par Coca-Cola au Québec) et Canada Dry (distribué par Pepsi-Cola).

Et aujourd’hui, il ne reste que deux usines, à ma connaissance, capables de faire mes produits. Zwei, deux, dos, two.

Deux usines capables d’embouteiller et de pasteuriser en bouteille… Ça ne fait pas beaucoup de choix et une compétence qui se perd peu à peu. Pire encore, imaginons que les usines ferment, ce savoir-faire disparaitrait au Québec.

Consommez local, c’est bon pour l’environnement, c’est bon pour l’économie et c’est bon pour garder un savoir-faire ici. Pas compliqué.

Je vais faire un parallèle avec l’artisanat. Imaginons le dernier cordonnier du Québec. Personne pour prendre la relève… Perte du savoir-faire. Le retrouver par la suite, ce savoir-faire perdu, c’est vraiment plus compliqué.

Plusieurs pistes de réflexions pour améliorer l’accès aux produits locaux :

Le modèle français nous a démontré que les épiciers qui catégorisaient les produits locaux dans une seule et même section avaient une augmentation certaine de leurs ventes. Au même titre que les produits sans gluten ou bio, je rêve d’avoir une section « produits locaux ».

Aussi, pensons à des certifications qui prennent en compte le lieu où se trouve le siège social. Fabriquer localement c’est bien. Fabriquer localement avec des partenaires locaux et en réinvestissant toute la richesse créée localement, c’est mieux. On revient toujours au savoir-faire : des compagnies qui ont des sièges sociaux ici vont pouvoir continuer de former, engager, fabriquer, et surtout, innover chez nous.

J’espère que ma lettre au père Noël se rendra à bon port car je n’ai vraiment pas envie d’être le dernier cordonnier du Québec. Ni d’être le plus mal chaussé. Mais ça, ça dépend de vous.

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Bastien Poulain

Président et fondateur de 1642, Bastien Poulain a eu la vision de fonder une gamme de boisson pétillante pour les cocktails, à l’image du Québec. Photo: Sylviane Robini
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