Flexitarisme: effet de mode ou conscientisation responsable?

Commençons par bien comprendre les origines de mon flexitarisme. C’est par un beau matin d’hiver 2018, qu’une amie m’a qualifiée de ce sobriquet, alors que je vaquais à définir mes résolutions de la nouvelle année...

Ce terme surprenant mais compréhensible au demeurant, désigne une pratique alimentaire au même titre que le véganisme et le végétarisme. Moins connue que ces dernières, elle est formée à partir des mots « flexible » et « végétarien » et pourrait se définir par végétarien… avec exceptions.

Au cours de la dernière année – actualité aidant - je me suis en effet questionnée sur la taille de la pierre que je pouvais apporter à l’édifice de la consommation responsable. La viande rouge avait depuis longtemps disparu de mes menus, j’étais au fait des conditions révoltantes de certaines usines d’abattage… le moment était venu, non?

Comment le définir?

Le flexitarisme répond à la fois à une démarche écologique et à une démarche médicale. Pour ma part, je m’inscris définitivement dans la première catégorie, mais si je peux aussi diminuer les risques de cancer, pourquoi pas ! L’idée est donc de manger moins de viande et de poisson, de privilégier les céréales, fruits et légumes, et de conserver une certaine flexibilité. En effet, selon les circonstances, un flexitarien peut manger des plats incluant de la chair animale lors d'occasions particulières : restaurant, repas de famille ou chez des amis. Je voulais garder cette porte de sortie pour deux raisons : 1) saucisson ; 2) avoir le temps de trouver d’autres sources de protéines. On ne le dira jamais trop : tout changement dans une routine alimentaire nécessite une certaine réflexion. Dans le cas présent, comment incorporer la juste portion de protéines dans mes repas en cas de diminution ou de suppression de viande ? Tofu, seitan, légumineuses, céréales, mais aussi algues, insectes (!!!)… les alternatives ne manquent pas. Ajoutez à cela le plaisir et la curiosité d’essayer de nouvelles recettes avec amis, famille et tutti quanti et l’expérience devient tout à coup beaucoup plus festive, non?

Pourquoi le flexitarisme fait-il débat?

Tout le monde à un moment donné a pu diminuer sa consommation de viande pour des raisons économiques par exemple. Mais il y aussi l’existence de stades de pratique, revendiqués par Dawn Jackson Blatner, l’une des principales instigatrices du mouvement aux États-Unis, dans son livre The Flexitarian Diet (2010). Ces stades sont définis par le nombre de jours sans consommer de viande : un débutant peut essayer de se passer de viande deux jours par semaine, un confirmé trois ou quatre jours par semaine, et un expert cinq jours par semaine. Une grande majorité de la population peut alors se revendiquer flexitarienne sans être passée par la phase de questionnement de ses habitudes de vie et de consommation. Cette étape est pourtant indispensable au concept qui se veut militant à la base.

Pousser la réflexion

Peut-être êtes-vous déjà arrivé à cette conclusion que le problème du flexitarisme, bah c’est justement sa flexibilité : les exceptions peuvent devenir de plus en plus fréquentes jusqu’à redevenir des règles. Et la vraie motivation derrière tout changement alimentaire est un profond questionnement de soi en tant que consommateur donc, et en tant qu’être humain préoccupé par sa santé. L’effet de mode que peut susciter ce type de pratique est une bonne chose en soi pour l’effet de masse, mais si on outrepasse la réflexion en arrière, le propos est vain (Allo Ice Bucket challenge !). Ce que je retiens de ma première étape, c’est qu’elle doit être suivie d’autres, jusqu’au végétarisme total. Cela n’engage que moi, mais je pense que le flexitarisme doit être entrepris pour ce qu’il est : une manière douce de modifier son alimentation pour éviter les carences et un moyen facile de contribuer à faire une différence. Le flexitarisme est à la portée de toutes les fourchettes, pensez-y.